Quelques études scientifiques controversées



 

    1) La position officielle ( sources : Le Mystère du Grand Sphinx  ( Graham HANCOCK et Robert BAUVAL - Editions Du Rocher ).

Selon les théories en vigueur, le Sphinx aurait été construit par le pharaon Khâfrê (Khéphren en grec), bâtisseur supposé de la deuxième pyramide de Gizeh vers 2500 avant J.C.

En effet, et c'est le premier argument, pour les égyptologues partisans de cette doctrine officielle, la construction du Sphinx daterait du règne de Khéphren ( 2520- 2494 avant J.C. ) notamment parce que son visage a les traits d'une statue du Pharaon, exposée au musée du Caire. 

Statue de Khéphren en diorite (Musée du Caire)

Associant le corps d'un lion au visage du roi, sa fonction, en vertu d'une symbolique transparente, serait d'exprimer l'assertion suivante : Khéphren est puissant comme un lion. La conception de Belmo nous paraît quand même bien plus subtile.

 

Source : http://sphinxtemple.virtualave.net/ 

 

 

Deuxième argument avancé par Mark LEHNER, celui du contexte. La statue  constituerait, à l'époque de sa construction, un élément du complexe funéraire de Khéphren, avec le temple dit «du Sphinx», qui le précède à l'Est, et le temple d'accueil de la chaussée montante, plus au Sud ( voir plan ci-contre ).

 Là-dessus, rien à redire sauf que nous n'avons aucune certitude sur l'ancienneté des temples. Il n'existe actuellement aucun test (pas même le carbone 14 qui ne s'applique qu'aux matières organiques) permettant de dater un monument taillé dans la pierre.

 

 

L'ultime argument persistant à associer le Sphinx à la quatrième dynastie de l'Ancien Empire tient à une unique syllabe : " Khaf ", d'ailleurs aujourd'hui totalement effacée. Gravée sur la stèle de granite dressée entre les pattes antérieures du Sphinx, elle passe pour la preuve que Khâfrê-Khéphren a ordonné la réalisation de la statue. 

Cette stèle, dite aussi la stèle du Songe, est très célèbre car elle raconte comment le roi Thoutmosis IV, dans sa jeunesse, faisant la sieste à l'ombre du sphinx après une partie de chasse, vit ce dieu lui apparaître en rêve et lui promettre la royauté en échange de son dégagement et de sa restauration. Devenu roi, il s'acquitta scrupuleusement de cette mission, faisant dégager le sphinx et entourer l'espace ainsi défini d'un mur de briques orné de stèles, afin d'en prévenir le réensablement. L'ensemble formait ainsi un sanctuaire nommé sétépet, la «place choisie».

La stèle commémore donc les efforts entrepris par le pharaon Thoutmosis IV (1401-1391 av. J.-C.) afin de dégager le monument des sables qui menaçaient de l'étouffer mais n'est nullement contemporaine de Khâfrê-Khéphren.

Curieusement, elle décrit le géant à corps de lion comme le symbole d'un "grand pouvoir magique, qui existe en ce lieu depuis l'origine des temps". Et c'est ce même texte qui décrit la nécropole de Giseh comme " le Lieu splendide du Zep Tepi, le Premier temps " et associe le site à une époque très antérieure. Les anciens Egyptiens pensaient justement que le Sphinx existait depuis l'époque des " Suivants d'Horus ", des êtres semi-divins qui avaient régné des milliers d'années avant les pharaons " de race humaine ". Autre curiosité, la stèle comme au moins sept autres stèles ou tablettes trouvées aux alentours du Sphinx ( dont l'une se trouve au Musée du Louvre ) représente ce dernier au-dessus d'un haut piédestal, doté d'une porte de chaque côté. Comme si les artistes auraient voulu nous montrer qu'il y avait quelque chose d'important en-dessous du monument ( voir les analyses radars ).

A la ligne 13 de l'inscription apparaissait enfin la syllabe "Khaf", à partir de laquelle on en a déduit le nom du pharaon Khâfré. 

Pourtant, pour James Henry BREASTED, un égyptologue nord-américain qui a étudié un fac-similé de l'inscription en 1905, cette déduction était loin d'être évidente. En effet, aucune trace de cartouche n'y figurait. Or, du début à la fin de la civilisation pharaonique, toutes les inscriptions présentaient les noms de souverains isolés dans des signes de forme ovale appelés "cartouches". Aussi est-il extrêmement difficile de comprendre pourquoi, sur la stèle de granite, le nom d'un monarque aurait été privé de son indispensable ornement. 

Par ailleurs, quand bien même la syllabe "Khaf" se référe à Khâfrê-Khéphren, elle ne prouve pas que le roi ait réalisé le Sphinx. On aurait très bien pu inclure le nom du souverain au texte afin de rappeler les travaux de restauration de la statue. Cette opinion est corroborée par le texte d'une autre stèle, à peu près contemporaine de la première.

 

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Connue sous le nom de "stèle de l'Inventaire" et également découverte à Giseh, elle est considérée par la plupart des égyptologues modernes comme faisant état d'événements fictifs. Elle précise que Khoufoui (Khéops en grec) a vu le Sphinx. Comme Khoufoui-Khéops, constructeur supposé de la Grande Pyramide ( sur laquelle il y aurait aussi bien des choses à dire ), est le prédécesseur de Khâfrê-Khéphren, il est évident que ce dernier n'a pu ordonner l'aménagement du monument. 

Au vu de cette hérésie, les sommités de la profession ont donc préféré discréditer la deuxième stèle et son contenu gênant pour mieux mettre en valeur une syllabe du nom "Khâfrê" inscrite sur une stèle de Thoutmosis à moitié détruite.

Parmi les égyptologues reconnus, très peu ont fait preuve de l'honnêteté de Selim HASSAN. En 1949, il déclarait : " Hormis la ligne tronquée inscrite sur la stèle de granite de Thoutmosis IV et ne prouvant rien, aucune inscription ancienne ne relie le Sphinx à Khâfrê. Si solide qu'elle nous apparaisse, nous devons qualifier cette indication de "circonstancielle", jusqu'à ce qu'un heureux hasard offre au monde une référence précise à l'érection de cette statue."

Depuis, aucun heureux hasard ne s'est produit. Néanmoins, la convention qui veut que le Sphinx ait été taillé sous Khâfrê-Khéphren vers 2500 av. J.-C. conserve toute sa force.

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